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Les épargnants s’interrogent. Où placer son argent dans un monde incertain ?
De fait, porter un jugement sur la conjoncture actuelle n’est pas évident. En Europe, le début de l’année a été assez tonique, surtout pour les pays du Nord et les deux grandes économies de la zone euro, l’Allemagne et la France, les pays situés à la périphérie ayant plus de mal à retrouver le chemin de la croissance. Les enquêtes d’opinion menées auprès des investisseurs financiers et des chefs d’entreprise laissent entrevoir un ralentissement, mais celui-ci devrait être progressif et l’activité devait rester encore assez soutenue au cours des prochains mois. Aux Etats-Unis, la croissance a nettement ralenti au premier trimestre, à 1,8 % en rythme annuel contre 3,1 % au dernier trimestre 2010, mais les perspectives sont favorables pour le reste de l’année et les résultats des entreprises se sont révélés dans l’ensemble plutôt meilleurs que prévu sur les trois premiers mois. Le Japon s’organise pour faire face à ses travaux de reconstruction et les grands émergents comme la Chine s’efforcent de maîtriser leur inflation sans trop abîmer leur croissance. Bref, après la récession de 2008-2009, la sortie de crise est un peu cahotante (les sorties de crise ne se font jamais sans hésitation ni pause) , mais, en fin de compte, la situation semble en cours de normalisation. D’ailleurs la Bourse a été assez bien orientée au cours des dernières semaines : aux Etats-Unis, le Nasdaq, l’indice des valeurs qui comptent le plus dans le domaine des nouvelles technologies, est à son plus haut depuis janvier 2001.
Pourtant, les mauvaises nouvelles sont légion. Même si l’euro n’est plus aussi durement attaqué qu’il y a quelques mois, des doutes demeurent sur les finances publiques de certains des pays qui l’ont adopté, comme la Grèce, et sur certaines banques, qui ne seraient pas assez capitalisées. Surtout, avec une inflation qui atteint 2,8 % en rythme annuel en avril, on commence à craindre un durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne plus accentué et rapide que prévu. Dans le même temps, aux Etats-Unis, la Réserve fédérale se montre, elle, plus préoccupée par la fragilité de la croissance et la faiblesse des créations d’emplois que par la hausse des prix. Résultat, le dollar décroche et l’euro se rapproche de la barre de 1,50 $. Certes, cela nous aide à supporter la hausse du pétrole, à plus de 1,20 $ le baril (un baril, c’est 159 litres), mais ce signe est clairement négatif. S’ajoutant aux doutes sur la capacité de certains Etats à rembourser leurs dettes, la faiblesse de la première monnaie de réserve du monde incite les investisseurs à se reporter sur les placements les plus sûrs, l’or et l’immobilier. Peu d’argent frais va vers la Bourse.
Le monde a besoin d’investissements productifs
A pierrepapier.fr, ces politiques d’investissement ne devraient pas nous déplaire. Pourtant, elles ne nous enthousiasment pas. Le monde a besoin d’investissements productifs et l’argent doit d’abord aller aux entreprises. L’investissement immobilier est utile, mais tout dépend de l’endroit où il va : on a besoin de nouveaux immeubles de bureaux adaptés aux besoins des entreprises et aux nouvelles normes environnementales, on a besoin aussi de construire de nouveaux logements dans les zones où le marché est le plus tendu. En revanche, il n’est pas certain que ce soit une bonne chose que tant d’argent vienne se placer sur les logements anciens. Ainsi que le montre une étude du Centre d’analyse stratégique, rattaché au Premier ministre, au cours des trente dernières années, le prix réel (hors effet de l’inflation) des logements anciens a été multiplié par deux, tandis que les loyers réels progressaient de 30 %. Acheter aujourd’hui un logement ancien pour le louer n’est pas forcément l’opération la plus rentable que l’on puisse faire.
Face aux craintes pour l’avenir que révèle la fuite vers les placements-refuges, deux remarques doivent être faites. La première est que le pire n’est pas le plus sûr : la situation mondiale n’est pas sans risque, mais beaucoup de dangers sont connus et localisés ; ils peuvent donc être évités. Ensuite, la meilleure façon de placer son argent est de le mettre là où il a une utilité économique et où il permet de satisfaire un besoin réel : les SIIC et les SCPI répondent à ce critère. La pierre-papier doit d’abord son succès au fait qu’elle s’inscrit dans la durée, et non dans la réponse à telle ou telle inquiétude du moment.
Gérard Horny
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